Les activités de surveillance épidémiologique active ont commencé le 1er Mars 2021 à Cotonou, et quelques jours plus tard à Allada et Natitingou, les trois sites du projet au Bénin. Les activités, qui auront lieu dans trois hôpitaux et plusieurs établissements de santé ruraux de première ligne, visent à détecter les cas et les contacts de COVID-19, ainsi qu’à évaluer les facteurs de risque d’infection par COVID-19 chez les travailleurs de la santé, et à établir un système d’information COVID-19 afin de détecter les besoins en équipements et en ressources humaines. Tous ces éléments permettront de comprendre l’étendue et la dynamique de la pandémie de COVID-19 au Bénin, et par conséquent de renforcer la réponse des systèmes de santé.
Progression
Lancement des activités STREESCO au Bénin

L’équipe STREESCO prépare les activités sur terrain à Allada (Benin)
Activités de préparation sur Diébougou, Burkina Faso
Les activités au Burkina Faso n’ont pas encore démarré dans la région de Diébougou, au Burkina Faso. Cependant, des bases de données sur les recours aux soins, le nombre de maladies respiratoires aiguës, et d’autres pathologies utiles à nos analyses sont constituées à l’échelle des Centres de Santé. Ces données sont acquises depuis 2013 jusqu’à nos jours en continue et permettront d’opérer une première surveillance.

STREESCO consortium meeting
Une réunion du consortium STREESCO a eu lieu le 24 septembre 2021. Pour l’occasion, les chercheurs d’ISGlobal, les Drs Raquel González et Antía Figueroa, ont été accueillis dans les locaux de l’IRD à Paris (France) par les Drs Gilles Cottrell et Emmanuel Bonnet, tandis que les autres membres ont assisté à la réunion en ligne en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie de COVID-19. La réunion a été une excellente occasion pour tous les membres du consortium d’être informés des progrès et des réalisations du projet et d’échanger des idées.

Raquel González (ISGlobal), Antía Figueroa (ISGlobal), Gilles Cottrell (IRD) et Emmanuel Bonnet (IRD) dans les installations de l’IRD, où la réunion du consortium a eu lieu.
STREESCO au dixième EDCTP forum
Le Dixième EDCTP Forum s’est tenu sous la forme d’une réunion virtuelle depuis le Centre international de conférences Joaquim Chissano à Maputo du 17 au 21 octobre 2021. Le Dr Gilles Cottrell, co-investigateur du projet STREESCO, a présenté le mercredi 20 octobre le projet à l’auditoire virtuel sur le thème “Innovation et opportunités dans le renforcement des capacités : leçons de la recherche sur les pandémies”.
Le forum EDCTP est un événement biennal qui offre une plateforme internationale pour la présentation et la discussion de la recherche de pointe pour faire face aux maladies infectieuses liées à la pauvreté en Afrique subsaharienne, ainsi que des activités de développement des capacités et de mise en réseau pour soutenir ces objectifs.
Le Forum EDCTP attire un public diversifié, notamment composé des représentants d’instituts de recherche et d’universités, de la communauté scientifique, de prestataires de soins de santé, des gouvernements, d’organismes régionaux, des régulateurs, de la société civile et des partenaires publics et privés de la recherche et du développement.
ISGlobal visit to IRCB
Le membre du projet Antía Figueroa (ISGlobal) a visité l’Institut de Recherche Clinique du Bénin (IRCB) du 22 au 26 novembre 2021. Cela a constitué une excellente occasion de visiter les sites du projet et d’échanger des impressions avec d’autres des membres du projet de l’IRCB et de l’Institut de Recherche pour le Développement sur place.
ISGlobal est le responsable du « work package » Networking et Dissémination, dirigé par le Dr Raquel González. Les activités de networking et dissémination visent à renforcer la collaboration existante et à en favoriser de nouvelles avec les partenaires et au sein des institutions européens et africains.

On rencontre Aurore Atchade, project manager STREESCO
Aurore Mèdomin ATCHADE a obtenu son diplôme de Docteur en Médecine en 2019 à l’Université de Parakou (Bénin). De 2015 à 2019, elle a participé à des études de recherche sur le paludisme maternel et infantile et la bilharziose urogénitale. Elle a travaillé comme médecin suppléant dans les cliniques privées au Bénin (Parakou, Abomey-Calavi).
-Quel est ton rôle à STREESCO ?
J’ai été responsabilisée pour coordonner l’ensemble des activités du projet STREESCO au Bénin. En effet, avant le démarrage du projet, J’ai œuvré à l’obtention des autorisations administratives et éthiques. Dans la mise en oeuvre du projet, j’ai assuré, le respect des bonnes pratiques en Recherche clinique à chacune des étapes, la supervision et le suivi du bon déroulement des travaux de collecte sur les trois sites de l’étude et la réadaptation de l’étude aux décisions gouvernementales dans le cadre de la riposte à la COVID-19 au Bénin.
-Quand est-ce que tu as su que tu voulais travailler en tant que chercheuse en santé ?
La recherche en santé est devenue pour moi une passion depuis que j’étais étudiante. Cette passion a été soutenue par ma participation aux travaux de recherche, surtout sur le paludisme et la bilharziose urogénitale. Mon sujet de thèse de fin d’étude médicale m’a aussi réconforté dans ce choix. Il portait sur l’apport de l’Echographie TransFontanellaire (ETF) dans la prise en charge des prématurés à Parakou en 2019. Il s’agissait d’une étude transversale descriptive analytique avec collecte prospective des données. A l’issue de cette étude, nous avons conclu que L’ETF réalisée systématiquement se révèle indispensable pour le dépistage des complications cérébrales liées à la prématurité, le suivi et l’évaluation pronostique des prématurés. Aussi l’utilisation des corticoïdes anténatales participe à une diminution de l’incidence des complications cérébrales hémorragiques chez les prématurés. Les démarches et méthodes exploitées pour venir à bout de ce sujet m’ont amenée à comprendre la place du chercheur dans l’appréhension et la résolution de nombreux problèmes de santé persistants et émergents.
-Maintenant qu’on parle sur les problèmes de santé émergents, tel que la COVID -19, comment est-ce que tu envisages la fin de la COVID-19 dans les pays en développement ?
Chaque jour, la pandémie à COVID-19 coûte au monde des milliers de vies et des milliards de dollars. Dans les pays en développement, cette pandémie a un impact pesant sur les systèmes de santé, l’économie et le développement. Les efforts devraient s’inscrire dans une perspective à long terme, axée sur la résilience économique et sanitaire. Les systèmes de soins de santé sont sous-développés dans ces pays et cela à tous les niveaux. Les investissements dans les soins de santé devraient pour le coup constituer une priorité et permettre la mise en place de systèmes de diagnostic fiable.
– À ton avis, quels sont les défis les plus importants que les pays comme le Benin doivent confronter pour contrôler l’épidémie COVID-19 ?
Comme défis qui se présentent il s’agit surtout de faire accessibles les soins de santé à tous, de consolider les systèmes de surveillance épidémiologique, d’équiper les centres de santé et les laboratoires pour répondre aux besoins de dépistage des populations et prendre en charge les malades, de mettre en place d’un système de veille permanent vue le caractère endémique qu’aborde l’infection à SARS-CoV-2, et finalement, d’atténuer des effets économiques et sociaux de la crise.
-À ton avis, quel sont les points forts que les pays comme Bénin travaillerons afin de contrôler l’épidémie de COVID-19 ?
J’en remarquerais plusieurs : en primer lieu, la mise en place au niveau national du Conseil National de Lutte contre le VIH/Sida, la Tuberculose, le Paludisme, les Hépatites, les Infections Sexuellement Transmissibles et les Epidémies ; suivi par la réquisition et équipement de plusieurs centres de santé dans plusieurs communes pour la prise en charge uniquement les cas suspects ou confirmés du COVID-19. La création des centres de prise en charge intégré des épidémies dans chaque département et le renforcement du personnel médical sur toute l’étendue du territoire béninois avec le recrutement du plus 1600 agents de santé contractuels de l’Etat et plus de 500 volontaires missionnaires COVID-19 sont aussi des points forts. Finalement, je mentionnerais la mise en place au niveau de chaque commune d’un comité de gestion des épidémies pour développer une réponse locale et pour superviser l’application des directives nationales, et le renforcement des capacités diagnostiques des laboratoires de biologie humaine dans tous les départements.
-À ton avis, comment est-ce que le projet STREESCO aidera à améliorer le contrôle de l’épidémie dans les pays en développement ?
Depuis le démarrage des activités en mars 2021, le projet STREESCO a eu un fort impact sur la riposte en place, et nous avons aussi appuyé les démarches du Ministère de Santé sur trois sites stratégiques au Bénin. Ce projet permettra le renforcement du système de surveillance mis en place et mieux maitriser la dynamique évolutive de la pandémie à COVID-19. Aussi à partir des données collectées, nous pourrons faire des recommandations constructives au Ministère de la Santé béninois et éclairer les politiques dans les prises de décision pour une meilleure réponse à la COVID-19.
-Qu’est-ce que tu as appris pendant ton travail à STREESCO ?
Assurer la coordination des activités du projet STREESCO m’a permis de mieux cerner les enjeux en matière de Surveillance Intégrée de la Maladie et la Riposte face aux épidémies. J’ai appris à jouer mon rôle d’interface entre le terrain projet et les investigateurs, à résoudre les difficultés rencontrées par les agents sur le terrain, à orienter et adapter à chaque fois les directives projet aux décisions ministérielles sans perdre de vu les objectifs premiers de l’étude. J’ai développé diverses compétences, notamment en Recherche clinique, en gestion des cas COVID-19 au Bénin, et surtout une grande capacité à travailler en équipe.

Aurore Mèdomin ATCHADE
On rencontre Daleb Abdoulaye Alfa, anthropologue STREESCO
Daleb Abdoulaye Alfa est titulaire d’un diplôme en anthropologie de la santé. Il a mené plusieurs projets de recherche anthropologique sur le contrôle des vecteurs avec l’IRD et a collaboré avec l’Agence de Médecine Préventive (AMP) et l’OMS. Il est membre du West African Anthropology Network on Emerging Epidemics depuis 2015. Actuellement, Daleb Abdoulaye Alfa prépare une thèse en anthropologie médicale sur l’essai de phase III d’une nouvelle moustiquaire imprégnée à Tori-Bossito, au Bénin.
-Quel est ton rôle à STREESCO ?
Je suis responsable du volet anthropologique
-Quel est le but de l’étude anthropologique de STREESCO ?
Le but de cette étude est de décrire et d’analyser les mesures de santé publique par les professionnels de santé impliqués dans la riposte et les populations.
-À ton avis, comment est-ce que STREESCO aidera à renforcer la réponse à la pandémie de COVID-19 au Bénin et dans d’autres pays en développement ?
STREESCO permettra de mieux comprendre la dynamique de l’épidémie au Bénin. Ce projet a l’avantage d’être mené en pleine épidémie surtout avec une facilité d’adaptation aux différentes situations. Les leçons apprises permettront de faire des recommandations aux autorités sanitaires béninoises mais aussi aux pays en développement ayant des contextes similaires.
– À ton avis, quels sont les défis le plus importants que les pays comme Bénin doivent confronter pour contrôler l’épidémie à COVID-19 ?
J’en citerais plusieurs : faire de la sensibilisation pour le respect des mesures barrières, sensibiliser les populations sur les bénéfices et risques de la vaccination, construire des centres de prise en charge des épidémies au niveau départemental, ainsi que travailler à l’acceptabilité des populations à la gestion des corps par le personnel médical.
-À ton avis, quel sont les points forts que les pays comme le Bénin ont pour travailler vers le control de l’épidémie de COVID-19 ?
En matière de contrôle des épidémies, le Bénin a été éprouvé par l’épidémie de COVID 19. Les leçons apprises lui permettront de mieux s’outiller pour être fort

Daleb Abdoulaye Alfa
Diffusion des résultats préliminaires du projet STREESCO
La diffusion des résultats est de la plus haute importance pour garantir le succès d’un projet. La diffusion des résultats préliminaires du projet STREESCO a eu lieu du 3 au 10 février 2022 sur les sites d’étude de Natitingou, Allada et Cotonou (Bénin) auprès des collaborateurs de l’étude et des autorités locales.
Bien qu’il s’agisse de résultats préliminaires, les participants ont manifesté un grand intérêt et ont souligné l’importance des données présentées. En effet, les résultats définitifs seront partagés une fois que le projet sera terminé, ce qui donnera des éléments tangibles aux autorités de santé du pays afin d’orienter dans la gestion de la pandémie et renforcera la préparation des systèmes de santé pour cette et futures épidémies.
